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La carrière communale PDF Imprimer Envoyer

La Bretagne est occupée totalement par le massif armoricain qui se présente sous l'aspect de deux chaînes montagneuses allongées d'ouest en est et de faible altitude puisque le plus haut point des monts d'Arrée n'atteint pas 400m. Séparées par le sillon de Châteaulin on trouve au Nord la chaîne du Léon-Trégor et au sud celle de Cornouaille. Et c'est sur le flanc de cette dernière, entre les deux avancées rocheuses que sont le Cap Sizun et la presqu'île de Penmarch que se situe le pays bigouden largement ouvert sur la baie d'Audierne...

La carrière communale de Tréguennec est une petite exploitation de pierre, à l'origine, le gisement fut d'abord exploité afin d'en retirer un simple granulat routier, par un entrepreneur qui demanda également à l'administration de racler le cordon dunaire proche, pour y prélever quelques m3 de petits galets. Ces autorisations, accordées par les services de l'Etat, étaient monnaies courantes à l'époque pour du sable ou des petits galets qui servaient de matériaux de construction.
Mais les quantités autorisées par les Pont et Chaussées étaient apparemment sans commune mesure avec les quantités prélevées et l'Administration somma alors l'entreprise de cesser de prélever abusivement des matériaux et de s'en tenir aux quantités autorisées. Malgré les nombreux mises en demeure, l'entrepreneur persistait. Les Pont et chaussées diligentèrent alors une enquête et mirent à jour, via la comptabilité de l'entreprise, une importante différence entre les demandes de prélèvement et les quantités prélevées puis revendues.
Il en résulta une amorce de procédure judiciaire, mais un dimanche matin, en allant mettre en route le groupe électrogène qui permettait de vidanger le fond de la carrière, l'entrepreneur s'électrocuta. Son décès arrêta l'affaire et les poursuites en cours.

Après la guerre, la carrière fut exploité pour le feldspaths, en raison de sa réaction à la cuisson (il joue le rôle de fondant, c'est à dire qu'il permet d'abaisser la température de fusion d'un ou plusieurs éléments) Le feldspaths est un minéral utilisé en céramique. Plusieurs chargement partirent pour Quimper-Keraluc ou même Limoges. M. Morier, ancien directeur de l'entreprise Delhommeau, y apporte quelques précisions :
"La Société Delhommeau et Raimbault, prit la suite [de l'exploitation] en 1962, contrarié d'abord par la présence d'un tumulus dans l'axe du filon, puis par la réduction durable de sa largeur, ce qui en obérait sensiblement la rentabilité; elle décida l'arrêt définitif de l'exploitation en 1969. Entre temps le matériau avait acquis ses lettres de noblesse, devenant de simple granulat routier, un composant chimique (le feldspath) de couleurs immaculé permettant d'abaisser de quelques dizaines de degrés la température de cuisson des porcelaines. C'est ainsi que plusieurs wagons de gravillons de Prat Ar Hastel furent expédiés à partir de la gare de Pont l'Abbé, à destination de Limoges, à la Société des Kaolins et Pâtes Céramiques du Limousin, filiale du groupe Denain-anzin-Minéraux.Cette dernière a repris les droits d'exploitation de la carrière auprès de la commune de Tréguennec, propriétaire, mais y a renoncé définitivement depuis."

Pour en savoir plus : Sols et sous sols du Pays Bigouden. Format PDF

Que contient le filon de la carrière communale de Tréguennec ?

Publié en 1989 avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique, "Les exploitations minières dans le massif armoricain. Déclin ou progrès ?" de Louis CHAURIS, propose un examen des différentes substances exploitées dans le Massif armoricain, de l'Antiquité à nos jours, ainsi que des substances encore soumises à des travaux de prospection et de valorisation, et permet de présenter quelques commentaires sur son avenir minier : déclin quasi - inexorable (fer) ; continuation d'une carrière à intermittence (étain, or, antimoine) ; poursuite d'un présent serein (kaolin, uranium, andalousite); émergence de sérieuses potentialités (tungstène, zinc, cuivre, plomb, argent, titane et zirconium, Terres Rares...).

[...] Quelques formations rocheuses actuellement inutilisées pourront, peut-être ultérieurement, faire l'objet d'exploitation. Par suite de son abondance en granites de types variés, le Massif armoricain est potentiellement riche en feldspath d'intérêt économique. [...] Un puissant dyke d'aplite sodique leucocrate est connu à Tréguennec près de la baie d'Audierne, où il était naguère exploité pour l'empierrement. Outre sa richesse en feldspath albite, le filon présente des teneurs très anormales en étain, lithium, tantale. La finesse de la granulométrie et la complexité de la paragenèse exigeront des installations de séparation complexes...
Pour en savoir plus :

Les exploitations minières dans le massif armoricain, par Louis CHAURIS. Département des Sciences de la Terre Université de Bretagne Occidentale. Format PDF

Panorama 2011 du marché du Lithium, BRGM 2012

A quelques mètres de la carrière, le site préhistorique de Prat-ar-Hastel.

Le site préhistorique de Prat-ar-Hastel a été occupé pendant les différentes périodes préhistoriques et à l'époque romaine, mais ce sont les constructions néolithiques qui lui donnent toute sa valeur. En effet, les vestiges de cette époque sont assez rares dans le Finistère. Prat-ar-Hastel est aussi caractérisé par la présence de coffres en pierre de petites dimensions, recouverts de pierre plate.

En 1878, on découvrait des restes d'habitations sur la parcelle 223. Sept maisons ont ainsi été explorées. Elles étaient constituées de murs en pierres sèches et devaient être recouvertes de branchages enduits de terre. Les dimensions intérieures étaient de 2 mètres de long par un mètre trente de large.

A l'intérieur, charbon coquillages et ossements furent découvert, ainsi que des fragments de poteries grossières, des vases, écuelles et de nombreux silex, soit en pointe de flèches, soit en simple éclats. Tous ces objets ont été déposés au musée de Duchatellier à Kernuz et se trouvent aujourd'hui au musée de St Germain en Laye. Le mamelon sur lequel ont été découvertes ces cabanes a été exploité comme carrière.

Un tumulus fut aussi découvert à quelques mètres de la carrière. Il recouvrait un dolmen à galerie aujourd'hui ruiné. Le long de la base, on mis à jour 8 coffres en pierres formés de 4 dalles verticales et recouverts de dalles brutes. Les dimensions variaient de 50 à 60 cm de large pour 80 à 90 cm de long sur une profondeur de 50 cm. Ces coffres situés dans la parcelle 214, enfouis à 60 cm de profondeur, refermaient tous des ossements. Ils ont été classés monuments historiques, mais ne sont pas visibles et le site traduit mal leur importance archéologique.

Source : Extrait de rapport de M. P. Berrou, spécialiste de préhistoire dans le sud-Finistère. Ce rapport avait été fait à la demande de Jean-Claude Bodéré en Janvier 1973, suite à la demande de reprise d'activité de la carrière de Tréguennec.

Note : L'image c'est dessus, extrait du site GéoBretagne, propose côte à côte une vue aérienne de 1950 en noir et blanc, et une vue de 2013 en couleur. Le cercle jaune, strictement à la même position sur chaque vue, pointe sur les silos du concasseur. On peut remarquer que la route qui longeait la carrière à été déviée du fait de l'extension de cette carrière. De même, le long du mur-casemate, le remblai est intact en 1950.

Un dossier de demande de reprise d'exploitation en 1969

La réponse de la Société pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne (SPENB) concernant le projet d'exploitation et d'extension de la carrière communale de Prat Ar Hastel en Tréguennec.

I Les menaces pour le milieu naturel
1° La zone de Prat-ar-Hastel correspond à un point charnière des paluds du sud de la baie d'Audierne qui constituent en elles-mêmes un milieu naturel d'une extraordinaire richesse (Penn Ar Bed n° 593 Contrat du 30 avril 1970 du Ministère des Affaires Culturelles) que l'on trouve à l'intérieur du périmètre sensible départemental.En effet, à Prat-ar-Hastel la falaise morte, très atténuée, tend à se rapprocher du trait de cote, alors qu'elle s’en éloigne au Nord, vers Trunval, et au sud, à proximité de Saint-Vio. Malgré tout, les sables s'avancent assez profondément vers l'intérieur (simple pellicule au-dessus de la carrière)
2° A ce niveau les paysages sont déjà relativement altérés, d'une part à cause de diverses constructions allemandes, d*autre part parce que les installations dépendant de la carrière de leptynite ne sont pas des plus esthétiques : c'est le cas du concasseur en particulier. On doit d'ailleurs signaler que le fond de la carrière, actuellement envahi par les eaux douces, sert de dépotoir (vieilles carcasses d'automobiles).
3° Le secteur marécageux situé au sud de la carrière présente un intérêt ornitho- logique de premier plan. Or l'exploitation se ferait par abattage en grande masse à l'aide d'explosifs, ce qui risque.de perturber sérieusement le comportement de l'avifaune.
4° Ces activités, prévues sur une vingtaine d'années, ne peuvent que gêner une éventuelle fréquentation touristique de la plage, par ailleurs très exposée aux houles du large. Il reste, bien-sur, l'accès par la route D 156.
5° L'extension de la carrière ne peut se faire qu'avec l'accord des responsables des Antiquités Préhistoriques de Bretagne, Monsieur Le Professeur GIOT a, à maintes reprises, manifesté son opposition à tout développement de la carrière (tumulus).
6° Il n'y a pas, comme à Tronoan, de danger immédiat en ce qui concerne l'envahissement par les eaux de mer. Mais, il est signalé un carreau de dix mètres (?) au-dessous du niveau de la mer. Conséquence : la carrière située à 400 m du trait de cote, pourrait être menacée, d'autant plus que, à l'entrée, le point coté est à 4 m au-dessus du 0.00 NGF (carte 1: 25 000e de l'IGN), ce qui correspond à 1,25 m au-dessus des plus hautes mers. On connaît l’effet des tempêtes sur ce littoral fragile. En février 1966, la tempête a détruit la levée de galets et, à cet endroit,les bases paluds ont été envahies par la mer (mais le cordon s'est reconstitué à 1’inverse de ce qui s’est passé plus au Nord)

Conclusion :
Le site était déjà légèrement modifié, il convient de ne pas accélérer sa détérioration. Prat-Ar-Hastel est un étranglement dans le milieu naturel des basses paluds ; cet étranglement ne doit pas devenir une rupture définitive entre deux secteurs complémentaires. La baie d’Audierne est un tout et la reprise d'exploitation risquerait d’interrompre cette continuité, sans préjuger des implications concernant les sites préhistoriques.

II Les points faibles du dossier
1° Le carreau se situerait à 10 m au-dessous du niveau de la mer (annexe C), ce qui peut sembler surprenant compte tenu de la carte IGN au 1/25000. D'aprèsles courbes de niveau, il doit se trouver vers 0 m, ou peut-être un peu au-dessous
2° Le front de carrière ne serait discernable d'aucun point de l'environnement (Annexe C) : c'est déjà contestable, d'autant plus que les installations annexes ne sont absolument pas dissimulées. Avec l'extension de la carrière sur 50 000 m2, il est absolument évident que ce front sera visible de presque tous les points hauts ou bas de la région. Jusqu'à présent l'exploitation n'a été réalisée que le long du grand axe d'une sorte de dôme allongé correspondant à l’effleurement de leptynite (qui n'est pas à proprement parler un "filon"). Toute extension vers l'est, ou latéralement, risque d'entraîner l'opposition de front de taille.
3° Au fur et à mesure de la progression des prélèvements, la carrière risque d'être relativement de plus en plus profonde. Annexe E : 12 m de profondeur en 1962 demande d'autorisation : 15 à 18 m en 1969...
4° Des projets d'aménagement ultérieurs - après cessation de l'activité - sont proposés. C'est ainsi qu'il est question de créer un bassin d'eau douce - il existedéjà - qui pourrait être utilisé "comme réserve naturelle"... On ne voit pas très bien comment... On avance par ailleurs la prospective de la création d'une "pisci-ne"... Et le renouvellement de l'eau ? Inutile de préciser que ces hypothèses de travail n'ont guère été mûries.
5° En partant de la "piscine", on envisage déjà la création d'un çomplexe touris- tique revalorisant toutes les paluds du sud de la baie d'Audierne. On oublie d'insister, à nouveau, sur le fait que l'activité doit se poursuivre pendant une vingtaine d'années... La revalorisation des paluds ne pourra donc pas se faire avant 1995...

III Questions éventuelles
- Quelle était l'utilisation antérieurs Matériaux ? Empierrement.- Pourquoi a-t-on abandonné cette exploitation ?
- Quel serait le tonnage prélevé s'il y avait une nouvelle ouverture (Comparaison avec tonnages 1968 et 1969)
- Qu'attend-on par utilisation de la pierre à des fins céramiques et verrières ?Quel est l'impact sur la population locale ? Personnel en particulier

Question essentielle
Pourquoi le "Télégramme du 29-10-70 annonçait-il» dans un entrefilet d'une douzaine de lignes, la reprise de l'exploitation ?
Pourquoi avoir autant tardé pour cette demande ? Quelle serait l’ampleur des travaux de pompage ?

Pour en savoir plus : Le dossier de la SPENB. Source : SPENB Monsieur P. Berrou

Et si l'exploitation de la carrière communale reprenait ?

Le filon d’aplite de Tréguennec, activement exploité autrefois pour la construction locale, a fait l’objet d’un ré-échantillonnage dans le cadre des travaux de l’Inventaire minier (prospection marteau, alluvionnaire, géophysique, tranchées, sondages carottés). Les résultats obtenus permettent de conclure à l’existence d’un gîte de gros tonnage à faible teneur en Sn, Ta-Nb, Li, Be. Le potentiel économique d’un panneau kilométrique est de l’ordre de 5 400 tSn, 1 500 t Ta, 1 300 t Nb, 2 400 t Be et 66 000 t Li2O alors que l’extension reconnue du filon aplitique est pluri-kilométrique. Les minéralisations de Tréguennec présentent de grandes similitudes avec celles d’Echassières (03) ; Ces deux gîtes de gros volume à basse teneur constituent actuellement la quasi totalité des ressources françaises en étain,lithium, tantale et béryllium...



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