Les Casemates allemandes ou l'atlantikwall à Plozevet |
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Extrait du magazine municipal d'information de Plozevet "Tal Ar Sonerien", numéro 10 de janvier 2014. Il s'agit d'un article écrit par Paul Le Bescond intitulé "Les Casemates allemandes ou l'atlantikwall à Plozevet" Parler des casemates allemandes à PLOZEVET sans évoquer brièvement le Mur de l’Atlantique n’aurait pas de sens. La commune était située sur cette longue chaîne de blockhaus qui s’étirait de la Norvège à la frontière espagnole,sur 5000 Km que l’on nomme également Rempart de l’Atlantique.Revenons plus de soixante années en arrière. L’occupation de la Bretagne est assurée dès la fin 1940 par le XXVe corps d’armée allemand. Au début de 1941, la Kriegsmarine décide d’édifier des bases sous-marines sur la façade Atlantique. Quelques mois plus tard les ports de Brest,Lorient, St-Nazaire, La Pallice et Bordeaux sont prêts à accueillir les fameux U-Boots.
Bien sûr PLOZEVET, avec ses 7 km de côtes, n’était pas un maillon stratégique de l’Atlantikwall mais une simple sentinelle du rempart. Cependant du fait de ses petites plages et grèves propices à des opérations de commandos, les Allemands construiront quelques casemates afin d’éviter les mauvaises surprises. Concernant l’historique des blockhaus de Palud-Penllan j’ai rencontré en Octobre 2001 Corentin BOLZER, ancien boulanger, sympathique monsieur, hélas décédé il y a peu de temps. Libéré le 10 janvier 1942, il revient à Kercorentin. Il me disait d’une voix assurée : “La population ne fut pas mêlée à la construction des casemates érigées fin 1942 début 1943. Elles ont été édifiées par des travailleurs belges et plus tard par des Russes encadrés par des Allemands de l’Organisation TODT. Il y avait certainement quelques Français dans les équipes mais je ne m’en souviens pas. Durant la journée c’était un va-et-vient continuel de charrettes livrant ferraille, ciment et matériaux divers. Ces matériaux venaient d’Audierne, Pont l’Abbé et Pont-Croix. Le soir, le travail terminé, les ouvriers venaient prendre un verre dans le bistrot de mon beau-père. Pas d’agressivité de la part de ces travailleurs un peu spéciaux, volontaires ou forcés”. Ce qui gênait le plus au quotidien la population, c’était les nombreux interdits. Interdiction de photographier, d’approcher des casemates, d’aller à la grève, sans compter les nombreux contrôles. Les pancartes "Verboten", "Achtung-Minen - Danger de mort" fleurissaient le long de la côte et autour des ouvrages bétonnés (Pellan, le Brenn et Kerrest). Combien de malheureux, enfreignant les consignes, ont été tués par les mines. Parfois me disait-il en esquissant un sourire, on entendait une explosion. C’était une vache échappée à la garde de son "pod saout" qui venait de sauter sur un engin. Un jour j’ai vu un Allemand abattre une autre vache à Pellanen la traitant de "terroriste", menaçant à son tour le pauvre paysan horrifié, de lui faire subir le même sort. L’animal avait pénétré dans le périmètre des ouvrages. Après l’édification des casemates, nous étions réquisitionnés une demi-journée par semaine pour des travaux consistant à planter des gros rondins pointus appelés"asperges de Rommel", dans les champs environnant pour gêner l’atterrissage éventuel de planeurs. De nombreux bosquets disparaîtront de cette façon ». Les ouvrages bétonnés de Palud Pellan n°Q24 et Kerrest-Canté Q23 sont pratiquement identiques. Ils possèdent une casemate d’habitation ou abri passif flanqué par deux ouvrages. Sur le Tobrouk était installée une mitrailleuse légère (M-G). L’ouvrage pouvait également servir de poste de guet. Palud Pellan possède un Tobrouk à mortier, un peu plus grand que les autres. Chaque position était servie par une vingtaine d’Allemands commandés par un sergent... |