Le mur casemate Imprimer

Le mur-casemate est à la fois un mur de protection contre les tirs venant de la mer et un quai de chargement des trains en partance pour la gare de Pont -l'Abbé. Le haut de ce mur est accessible par une longue rampe cheminant en pente douce vers de la dune de galets sur la plage. Pour le visiteur actuel, le prolongement de cette déclivité mène directement à la mer, mais en 1940, ce n'était pas le cas : les vagues de la baie d'Audierne, venaient mourir à marée haute contre la dune de galets de la plage. Il s'agit de la seconde rampe créée par l'Occupant, la première était située plus au Nord, vers l'exutoire de l'étang de Trunvel et aboutissait au niveau de la voie communale menant à la plage. Cette première rampe dont il ne reste que peu de trace actuellement, a été partiellement exploitée comme matériaux de construction à la fin de la guerre, puis l'affaissement de la dune de galets et le recul du trait de côte ont eu raison d'elle.


L'extrémité de la rampe construite par les Allemands

A l'extrémité de la seconde rampe faite d'un remblai sable-galets, à 8 m de hauteur environ, débute l’étroit quai de chargement des galets. Ce quai est une imposante muraille de béton, haute de 10 m et longue de 180 m. Son épaisseur est de 2 m environ. A sa base Nord est accolée une longue galerie bétonnée desservant deux tunnels débouchant côté plage dans deux blockhaus VF 4b à large créneau pour mitrailleuses dirigées vers la mer. L’extrémité Nord-Est (côté silos) du tunnel principal s’achève dans un gros blockhaus VF 4b spécial, pour deux mitrailleuses, lui-même flanqué d'un 58c (Tobrouk).

Ces galeries, accessibles à partir de deux ouvertures situées près du chantier, peuvent également servir d’abri anti-aérien. A noter que l'intérieur ne fut jamais terminé : les portes blindées, destinées à être installées dans ces souterrains, n'arrivèrent jamais jusqu'au camp et furent retrouvées après-guerre sur le site du faisceau de PenEnez près de Pont l'Abbé. L’extrémité Sud du mur, proche de l'entrée du camp, s’achève par un blockhaus-garage R 672 pour canon.

La première rampe...

A l'origine du camp, il n'y a ni mur ni silos, ni d'ailleurs de concasseurs, et le lieu de chargement se trouve ailleurs : A quelques centaines de mètres vers au Nord, entre la voie communale et l'exutoire de Trunvel, dont le chantier est arrêté depuis le début de la guerre. L'accès à ce chantier va être réaménagé et une rampe permettra aux camions d'accéder directement au lieu de chargement des galets.

Mais le climat local va ruiner cet accès dès le premier hiver. Les tempêtes successives, l'eau de ruissellement qui se retrouve piégée derrière les dunes de galets et forment d'immenses lagunes, ont vite raison de cette première rampe, obligeant régulièrement à de nombreuses et vaines réparations. Les Allemands se rendent vite compte que rien ne fonctionne comme prévu, que les rendements sont trop faibles, les routes inadaptées et les moyens mis en place insuffisants au regard de la demande. Il faut donc faire plus grand, plus lourd et surtout plus en arrière de la dune de  galets, dans un endroit moins humide.

La seconde rampe...

Le choix se porte donc la seconde voie communale, celle qui mène à la carrière de Prat-ar-Hastel. Plus éloigné de la côte, mieux protégé, c'est là que va se monter le camp Todt. A l'origine en juin 42, pas de concasseur, mais une simple voie étroite, mise en place manuellement et déplacée régulièrement, courre sur la dune de galets. A l'extrémité de cette voie étroite, sur la plage, se trouve le chantier de chargement : un bulldozer Caterpillar entasse les galets devant une pelleteuse qui charge un train de wagonnets. Une fois chargé, ce convoi tiré par une petite locomotive Decauville appartenant l'entreprise Theg et réquisitionnée par l'occupant, chemine vers l'intérieur des terres, remonte la pente douce située entre la dune de galets et le mur casemate et s'arrête à l'extrémité. Les wagonnets sont basculés les uns après les autres, manuellement : Les petits galets tombent directement dans les wagons en attente juste dessous. Les plus gros galets sont repris et seront stockés jusqu'à l'installation des concasseurs.

Les 3 schémas ci-dessous expliquent la manoeuvre complète. En cliquant sur chaque vignette, vous pouvez télécharger le pdf correspondant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'image ci dessous, extraite du site GéoBretagne, propose côte à côte une vue aérienne de 1950 en noir et blanc, et une vue de 2013 en couleur. On y voit nettement la rampe ayant servi aux premiers chargements de galets. Le cercle jaune, strictement à la même position sur chaque vue, pointe la position du canon. Initialement construit au ras de l'eau, sur la dune de galets en 1943, ce point d'appui se trouve actuellement dans la mer indique la distance de la côte pour apprécier l’érosion du fait de la disparition complète de l'Ero Vili. Cette première rampe de chargement démarrait de la route existante (actuellement le parking) et partait droit vers l'exutoire de Trunvel. Remarquez également, de part et d'autre de la rampe, les curieux cercles en formes d'entonnoirs...